dimanche 13 décembre 2009

severine bernard & diva


Ancien étudiant des Beaux Arts de Rouen, le jeune artiste Severine Bernard entretient une relation viscérale avec l’art comme une nécessité, une quête perpétuelle. Severine Bernard emprunte instinctivement les chemins de la peinture, de la photographie et de la vidéo, et c’est en puisant dans l’introspection, qu’il arrive à ses quelques vérités esthétiques et sensibles. Il y parvient grâce à des moteurs qui sont tant des failles que le doute, les blessures de l’âme ajoutés à une curiosité d’esprit insatiable et l’héritage de ses maîtres.

Severine Bernard, identité artistique du personnage, crée l’ambiguïté entre les sexes, comme une création à son paroxysme, celle de la fusion entre l’homme et la femme. Chaque Homme porte
en lui une part du sexe opposé, plus ou moins affirmée, créant l’équilibre dont résulte la singularité d’un être. Severine, qui ne réfrène pas cette dualité, l’exprime avec Diva, un concept de féminité, une thématique, un fil conducteur en somme. La rencontre de Diva, titre d’une série prolifique et dense s’avère une étape considérable dans l’actuelle évolution artistique de Severine. L’idée de Diva constitue une ponctuation d’œuvres dont la peinture est le noyau central, le ring d’expression gestuelle. Pour cela il met sans cesse la technique au service d’un ensemble cohérent de réflexions.

La démarche artistique de l’artiste réside ici en un certain lyrisme. Il évoque avec poésie une association des supports et des idées. Le travestissement, comme un leitmotiv, lui permet une provocation tacite. Elle prodigue l’émancipation de l’être face à son image. C’est parce qu’il s’assume dans son entièreté, qu’il dérange. Un fait universel. Alors Severine s’amuse du regard de l’autre, de la bienséance. La création d’un personnage est un parti pris intervenu naturellement dans le processus de création. Et grâce à ce jeu identitaire – une façon pour lui de se dissimuler derrière un nom – Severine force l’équivoque, interroge. À l’instar de Rrose Selavy, personnage fictif créé par Marcel Duchamps où il se met lui-même en scène en travesti, Severine incarne ses autres, chemins faisant vers des réflexions sur les différents visages d’une personne au sein de son contexte social. Il agit pour cela par des impulsions artistiques proche du photoreportage, tant dans sa pratique vidéographique que photographique. Sous un fantasme rock n’roll, et des allures grimées, Severine se fait lui-même souvent son propre sujet. Il donne à voir ce que les codes sociaux récusent, en étant pourtant le résultat. Cette historique incarnation du sex, drug and rock n’roll que toute une génération porte en héritage, Severine l’illustre en filigrane dans son œuvre, conjugué à une recherche esthétique puissante.


L’œuvre picturale de Severine se traduit par l’expressionnisme abstrait s’approchant en outre de l’impressionnisme. La lumière est le sujet même de l’œuvre, une peinture abstraite dans laquelle les couleurs se jouent d’une vision éphémère, à la limite du virtuel. Le Supports/surface est une toile de fond pour le travail de Severine, qui entretient une relation vive avec la matière. Severine produit un art informel qu’il souhaite à la quintessence de la peinture non-figurative. Il s’affranchit malgré tout de cette abstraction lyrique manifeste via sa fascination pour l’art américain des années 1950. Il s’approprie une culture Pop, la culture de l’objet. Son rapport à l’image trouve son origine principalement à travers le cinéma indépendant américain. La musique, particulièrement le jazz fusion et la musique concrète, fait également partie intégrante de son inspiration. Il met en corrélation le son qu’il laisse influer sur le « rythme » de ses œuvres faites de silences et de ponctuations.


Severine oriente ses réflexions vers des thématiques physiques, les sciences cognitives, les mécaniques quantiques jusqu’à la psychologie, justifiant ainsi le combat entre conscience (qui réfléchit) et impulsion (qui transcrit) propre à sa démarche picturale. Il s’évertue à peindre non pas le réel, mais la vibration, le rythme, comme si chaque couleur était une note. Severine ne prétend pas créer mais découvrir. Il aspire en cela à une cohérence entre l’abstraction, l’expressivité et la retenue. Il fait le pont entre All over et retenue dans une subtile eurythmie alliant spontanéité et méticulosité. Severine laisse pénétrer son art par les dualités inhérentes à l’être humain, individu signé sous le signe de la bête, et oscille entre réflexion et intuition. C’est une recherche qui s’avère très propre à sa peinture, liée à la surface et à une matière colorée. Il accorde à la peinture une liaison avec le corps, négociant entre la matière et l’homme. Les dimensions de l’image et de l’expression sont intimement liées au temps et au son, également sur les supports vidéo et photo.



H.M.

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