jeudi 28 octobre 2010

Gagosian Gallery a ouvert un nouvel espace à Paris, qu'inaugure Cy Twombly

CY TWOMBLY: Camino Real
Photo by Mike Bruce


La sacro-sainte semaine des foires d’art contemporain parisiennes a cette année été marquée par un vernissage qu’il était impossible d’ignorer : l’ouverture de la galerie Gagosian. Comme à l’accoutumée, l’illustre galeriste et magnat du marché de l’art, l’américain Larry Gagosian a su créer l’événement. Sa recette : le mystère. Il aura fallu attendre trois semaines avant le vernissage pour lever le voile sur l’artiste qui inaugure le lieu, et pas des moindre puisqu’il s’est agit de Cy Twombly.

À galerie inédite, œuvres inédites

Camino Real. C’est le nom donné par l’artiste Cy Twombly à une série de cinq nouvelles toiles, pour la première fois exposées à la galerie parisienne de Larry Gagosian. L’artiste dévoile ici des œuvres au large format emprunte d’un nouveau souffle. En référence à la pièce de théâtre de Tennessee Williams, Camino Real illustre une perception déliée de la vie. C’est peut-être pour révéler cette désinvolture que le peintre américain offre sur panneaux de bois et par des gestes élancés et généreux, sorte de boucles safranées sur des aplats monochromatiques d’un vert vif et contrastant, une vision acide. Ces œuvres se placent en foyer ardent du rez-de-chaussée d’une galerie qui s’étend sur 900m2 et quatre étages. Elles sont au cœur de cet espace épuré, mis en lumière par l’impressionnante verrière. Sont également présentées, quatre sculptures en bronze patiné de Cy Twombly, altérant la promptitude du travail pictural. Le nouvel et bien sûr vaste espace de la « multinationale » Gagosian accueille également l’exposition Jean Prouvé : architecture qui inaugure le Project Space, un deuxième étage dédié aux projets indépendants. Pour succéder à Cy Twombly, la portraitiste new-yorkaise Elizabeth Peyton emboîte le pas et exposera au printemps prochain dans l’hôtel particulier de la rue de Ponthieu.

CY TWOMBLY
Camino Real II, 2010
Acrylic on plywood
99 3/8 x 72 7/8 inches (252.4 x 185.1 cm)


L’expansion Gagosian à l’heure parisienne

Celui dont on dit qu’il est le « Tycoon » du marché de l’art à installé la dixième antenne de Gagosian Gallery en plein cœur du Triangle d’or de Paris, à proximité du Palais de l’Élysée, de Christies, Sotheby’s et des palaces de la capitale. Il s’imposer ainsi parmi les plus importantes galeries de Paris, dont Emmanuel Perrotin et Daniel Templon. Le self-made-man Larry Gagosian ajoute alors au paysage des galeries parisiennes une concurrence redoutable. Après New York, Beverly Hills, Londres, Rome, Athènes, et bientôt Hong Kong, le galeriste redouble d’ambition et étend son territoire avec fulgurance en France : une Légion d’honneur, un vernissage remarqué, et un stand prestigieux à la FIAC présentant des œuvres de Picasso et autre Richard Prince. L’empire Gagosian, avec cette nouvelle cartouche dans la Vieille Européenne, impose une fois de plus sa mainmise sur le marché de l’art international. Lui qui avait commencé par vendre des posters à Los Angeles, a très vite eu l’œil et le bon pour révéler des artistes aujourd’hui majeurs sur la scène de l’art contemporain. Il a été l’un des premier à exposer Jean-Michel Basquiat pour ne citer que lui, et son parcours, au gré de rencontres telles que Leo Castelli, n’a plus fait que fleurir de coups de maître – sinon de coups de poker. « Gago » représente les artistes Jeff Koons, Damien Hirst, et Takashi Murakami. Des mines d’or.

Gagosian Gallery a dédié des expositions à des figures artistiques légendaires ces trente dernières années, parmi lesquels on compte Jackson Pollock, Andy Warhol, Pablo Picasso, Francis Bacon, Willem de Kooning et la liste est encore longue. Le puissant Larry a fait de l’art un business tirant parti des pages fortes de son histoire. Il continue à en écrire de nouvelles, et le monde de l’art parisien peut désormais se targuer d’y prendre part.

H.M.

Cy Twombly - Camino Real Du 20 octobre au 23 décembre 2010
4 rue de Ponthieu
75008 Paris
T. 33.1.75.00.05.92
F. 33.1.70.24.87.10
Du mardi au samedi, 11h-19h.
www.gagosian.com

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lundi 4 octobre 2010

Avec les Bibliobus, les livres s’ouvrent sur la campagne

Lecture | Depuis 50 ans, les bibliothèques mobiles parcourent le canton. Reportage à Puplinge.

HÉLÈNE MARTINEZ | 28.09.2010 | 00:00

© Olivier Vogelsang | Le Bibliobus, une bibliothèque itinérante dans les communes du canton de genève.

«Lire, un itinéraire sans frontière». Voilà de quoi est estampillé chaque Bibliobus posté devant le dépôt de l’avenue de Châtelaine. Vendredi, il est 14 h lorsque l’un d’eux est sur le point de prendre la route de sa tournée quinzomadaire à Puplinge. Françoise Delapierre, responsable des Bibliobus, et Daniel Masset, bibliothécaire et chauffeur, se préparent pour l’après-midi.

Ici, rien n’est informatisé. On vérifie manuellement les boîtes de commandes, on charge les ouvrages que les Puplingeois ont réservés. Comme dans un poids lourd, Daniel annote le disque qu’il appelle le «mouchard», destiné à contrôler les déplacements et horaires. Dans le même temps, Françoise cale les livres sur les étagères de façon à ce qu’ils restent en place pendant le trajet. La bibliothèque ambulante est fin prête.

Une image d’Epinal
«Les Bibliobus vont à la rencontre des gens au lieu de les attendre. C’est s’inviter chez eux, finalement» suggère Françoise. «Le bus est parfois le dernier lieu d’échange d’un village. C’est un rendez-vous», renchérit Daniel. Force est d’apprécier le lien social qu’appelle le concept d’itinérance.
Uniquement en service dans le centre-ville de Genève auparavant, le Bibliobus s’est plus tard reconverti dans les communes du canton dépourvues de bibliothèques fixes. Ces tournées sont hors du temps. Sur la route de Puplinge, au volant de son autocar, Daniel salue untel ou untel. C’est le passage remarqué d’une institution.

Arrivé sur la place de Puplinge, le bus stationne au pied de l’église. Quelques mamans attendent la sortie des classes. Bientôt vélos et trottinettes viendront s’échouer devant le Bibliobus. Mais pour l’heure, ce sont plutôt les personnes âgées qui le fréquentent, profitant du calme avant la tempête. Dès 16 h 30, ce sera l’agitation dans l’espace confiné. Le public du Bibliobus se compose essentiellement d’«inactifs», retraités, parents au foyer et écoliers. A noter, une majorité de femmes. C’est le défilé de ceux qui ont le temps ou qui le prennent. Signe que l’intérêt pour la lecture ne périclite pas malgré la diversion qu’engendre Internet. Il suffit d’observer toute la ferveur des plus petits, qui animent les 10 mètres carrés du bus, et des plus grands, qui hésitent longuement entre deux BD.

Un lieu de rencontre
Il faut dire que le Bibliobus a de quoi ravir toutes les générations et tous les goûts. Julianne, 10 ans, se réjouit du large choix. Sa maman souligne toute l’importance que les enfants se retrouvent ici, «surtout à l’heure de l’informatique». Nombreux usagers du Bibliobus interrogés justifient l’utilité de cette prestation par le coût trop onéreux des livres et l’encombrement qu’ils représentent au fil des années.

Les bibliothécaires relèvent le vif succès des nouveautés. Les classiques sont stockés au dépôt et ne sortent que sur commande. Dans le bus, aucun ouvrage n’a plus de 5 ans, à l’exception de quelques favoris. Mais les préférences vont aussi aux guides de voyages, livres de cuisine et biographies, souvent plébiscitées par les hommes. Tania vient pour ses filles généralement, mais aujourd’hui, elle emprunte un guide de voyage: «Inutile de l’acheter, quand le voyage sera fini, je n’en aurais plus besoin et je le rendrai.» Le Bibliobus répond aussi à la demande des malvoyants, avec des livres en gros caractères.

Peut-il disparaître?
Les lecteurs sont satisfaits et le font savoir. Dans toutes les bouches, un mot revient: «Indispensable!» Et une crainte: «Qu’il disparaisse.» Une retraitée des Bibliobus continue à les fréquenter en tant que lectrice: «Il ne faudrait surtout pas que ça s’arrête.»

A l’abri de tout projet de suppression, le Bibliobus a néanmoins fait l’objet de discussions en 2009. La Ville de Genève ne souhaitait plus gérer seule ce système. Un partenariat s’est alors mis en place avec les communes, aujourd’hui réunies sous la houlette de l’Association des communes, qui cofinance la précieuse prestation.

Les habitants de Puplinge semblent tenir au Bibliobus, dont Françoise et Daniel jugent la fréquentation satisfaisante. En cette après-midi de septembre, le véhicule n’a pas désempli. «Le simple fait d’être là, et 90% du travail est déjà fait, conclu Daniel. Ensuite, il faut fournir un contenu représentatif de la production actuelle. Il s’agit d’une bibliothèque de plaisir.»


Des lecteurs témoignent
Gilbert, informaticien, et son épouse Denise, employée chez Swisscom, ne voient que des avantages au Bibliobus. Gilbert s’enthousiasme: «Le personnel est supergentil, les sélections sont intéressantes et on a la possibilité de faire des commandes. Chez nous, on ne sait plus où ranger les bouquins. J’aime le contact du livre mais je n’aime pas quand il est décoratif. Je ne conserve pas, je donne. Donc c’est la solution idéale.»

Denise est à la recherche de documents sur la santé pour sa maman. Elle remarque: «Notre fils vient lui aussi avec ses enfants dans une autre commune.»
Brigitte, 56 ans, assistante dans les ressources humaines, est «bouquineuse dévoreuse» depuis qu’elle a appris à lire: «Le Bibliobus? Indispensable!, clame Brigitte. Il me faudrait trois appartements si je devais ranger tout ce que j’ai emprunté ici. Je ne veux plus m’envahir. Sauf certains coups de cœur que j’achète parfois en me disant que celui-ci, je ne veux pas le rater.»
Brigitte poursuit: «Ici, c’est ma succursale. Je suis fidèle. Il ne faudrait surtout pas supprimer le Bibliobus. Lorsque j’arrive vers les seize heures et que je vois des enfants choisissant des BD, je me dis que c’est bon signe.»
(hm)


Chiffres

❚ 1962: premier Bibliobus à Genève.

❚ En 2010, quatre Bibliobus desservent 40 points de stationnement dans le canton. Ils disposent de 40 000 ouvrages, dont près de 4000 par véhicule.

❚ Les bibliothécaires estiment pouvoir répondre à 90% des demandes. En 2009, le Bibliobus a prêté 79 689 documents.

❚ Le budget de la Ville pour les Bibliobus est d’un million de francs par an (acquisition de documents, personnel, entretien des véhicules…), contre 20 millions pour toutes les bibliothèques de la Ville de Genève confondues.

❚ Les Bibliobus font partie des Bibliothèques municipales. L’inscription est gratuite.

❚ Fermeture annuelle de la mi-juillet à la mi-août en raison de l’insupportable chaleur dans les bus.

❚ Les bus déplorent l’absence de WC et d’équipements pour les personnes handicapées.
(hm)

http://www.tdg.ch/geneve/bibliobus-livres-ouvrent-campagne-2010-09-28

Article paru dans le quotidien suisse La Tribune de Genève, le 28-09-2010.

Sting

Un artiste que rien n’arrête

MUSIQUE | Du rock new wave de Police à l’orchestre symphonique: le parcours de Gordon Sumner avant son concert dimanche à l’Arena.

HÉLÈNE MARTINEZ | 25.09.2010 | 05:00

Lordon Sumne, enfant de la banlieue modeste de Newcastle en Angleterre, se fait un jour surnommer «Sting» (en français «dard»). Il ne sait pas encore que ce sobriquet gagné à cause d’un tee-shirt rayé jaune et noir est le présage d’une carrière au sommet. Une guitare prêtée par un oncle qui s’exile au Canada, une sensibilité musicale – don de sa mère, pianiste amateur – et voilà le jeune autodidacte construisant les prémices d’une vie de succès, de records dans les charts du monde entier et autres collaborations artistiques fabuleuses.

1977. Sting joue dans le groupe de fusion jazz Last Exit. Stewart Copeland le repère, se forme alors le groupe The Police et tout s’accélère. Leurs tubes entrent dans la légende. Le bassiste et chanteur du trio est starisé et prendra le large moins de dix ans plus tard. L’album The Dream of the Blue Turtle marque ainsi le début d’un parcours en solo, un quasi-sans-faute. Pour cet opus, l’Englishman s’entoure du saxophoniste Brandford Marsalis et du batteur de Miles Davis, Omar Hakim. Sting prend goût aux participations de musiciens d’exception sur ses albums. Eric Clapton à la guitare et Mino Cinelu aux percussions sur Nothing Like the Sun (1987). En 1999, ce seront Cheb Mami, Don Blackman et James Taylor qui le rejoindront. Cette année, c’est à un orchestre symphonique qu’il fait appel. Une nouvelle lubie, direz-vous. Une de plus. Le chanteur britannique n’a eu de cesse de s’immerger dans de multiples univers musicaux et spirituels, pour chaque fois accoucher d’une nouvelle production. Sans parler des engagements et opinions qui l’animent, sujettes à de nombreux textes. Russians (1985), pour n’en citer qu’une, était une chanson en réaction aux relations américano-soviétiques de la guerre froide. A croire que la Russie a pris la mouche. Le parti d’extrême gauche russe a récemment mis des bâtons dans les roues au chanteur qui se produisait à Saint-Pétersbourg et Moscou dans le cadre de sa tournée. Motif: des commentaires en faveur de la légalisation de la marijuana postés par l’artiste sur son blog. Certes, Sting est un frondeur. Mais toujours pour de nobles causes. Son activisme pour la préservation de la forêt amazonienne aux côtés du chef indien Raoni est notoire. Chaque année en avril, l’humaniste donne un concert caritatif en cette faveur. A noter également, sa participation à la mémorable tournée d’Amnesty International.

Un autre défi

Cet adepte du tantrisme s’est aussi dévoilé dans des œuvres plus intimistes. La perte de ses parents en 1991 lui inspire The Soul Cages, qu’il appréhende comme une thérapie. L’âme sensible et l’esprit ouvert, Sting va jusqu’à explorer le répertoire de la Renaissance élisabéthaine, maniant luth, viole et Moyen anglais dans l’album Songs from the Labyrinth en 2009. C’est aujourd’hui à un tout autre défi qu’il s’attaque avec l’audacieux et néanmoins salué Symphonicities. Un disque et une tournée mondiale pour revisiter les titres emblématiques de l’auteur et de Police, le tout accompagné par le Royal Philharmonic Concert Orchestra dirigé par Steven Mercurio.

Voilà une ambition que ne se refuse pas l’homme de 58 ans. Lui qui avait déjà surpris son public en 2007 avec la reformation de son groupe mythique lors d’une série de concerts à travers le monde, rivalise d’aplomb en 2010. Il offre des versions a priori bouleversantes des illustres Roxanne ou Next to you, avec cette même voix haute perchée. La boucle est bouclée pour ce père de six enfants et époux épanoui de l’actrice Trudie Styler. Son registre pop vient désormais se confronter aux instruments classiques d’une formation prestigieuse pour le plus grand bonheur de ses innombrables fans.

Tantôt acteur pour David Lynch et autres Guy Ritchie, souvent engagé et toujours chanteur, guitariste, bassiste et compositeur, la carrière de Sting n’est plus à faire. Pourtant, la pop star ne manque visiblement pas d’élan.

http://www.tdg.ch/archives/divers/sting-artisteque-rien-arrete-2010-09-25

Article paru dans le quotidien suisse La Tribune de Genève, le 25-09-2010.

Sophie Davant

La «bonne copine»

TÉLÉVISION | Lundi prochain, l’animatrice remplacera Jean-Luc Delarue aux commandes de «Toute une histoire» sur France 2.

HÉLÈNE MARTINEZ | 22.09.2010 | 05:01

La nouvelle est tombée lundi. Sans faire de vagues. Sophie Davant remplacera Jean-Luc Delarue pour une durée indéterminée. Le producteur vient d’être suspendu d’antenne par la direction de France Télévisions suite à son implication dans une histoire de trafic de stupéfiants. L’actualité trouble du directeur de Réservoir Prod arrive comme une ironie du sort pour celle qui déclarait au journal Le Parisien en juin 2010, qu’elle souhaiterait «présenter un talk à la Delarue». C’est chose faite. Elle sera soutenue par son prédécesseur et néanmoins producteur, qui s’associe au choix du groupe. La sympathique présentatrice ajoute ainsi un chapitre à sa carrière sur le service public auquel elle est fidèle depuis plus de vingt ans.

Au sortir de ses études de journalisme à Bordeaux, elle entrait comme stagiaire sur Antenne 2 en 1986. S’ensuivra une évolution réussie. D’abord elle présente la météo dont elle va diriger le service jusqu’en 2006, avant de céder le flambeau à Laurent Romejko. Entre autres choses, Sophie Davant coanime Fort Boyard aux côtés de Patrice Laffont au début des années 1990. Mais ce qui caractérise particulièrement la «bonne copine» du PAF, c’est très certainement son image caritative. Pas de Téléthon sans Sophie Davant, un rendez-vous qui lui est cher et dont elle anime chaque édition. La journaliste est d’ailleurs prête à beaucoup de choses pour la bonne cause, comme poser seins nus dans le magazine Marie-Claire pour une campagne de prévention du cancer du sein.

Sophie Davant fait dans l’humain, son credo, la proximité avec les téléspectateurs. Et c’est ce qu’elle s’attelle à faire chaque matin de semaine depuis douze ans dans son émission C’est au programme, sur France 2. Cette quotidienne, produite par son complice William Leymergie, évoque au gré des chroniques des sujets de culture, santé, société, cuisine, etc. La matinale occupe une satisfaisante part de marché et participe à rendre au public la figure d’une femme à qui l’on s’identifie. Cette mère de deux enfants est un personnage public discret.

«Je me déplace rarement dans les soirées mondaines, je suis en quelque sorte une extraterrestre dans ce milieu», confiait-elle au Parisien. Elle revêt le costume de la quarantenaire moderne, sinon exemplaire. Et rend fier son époux, le journaliste-animateur Pierre Sled qui juge qu’elle «ferait une merveilleuse présentatrice de JT». Pourquoi pas, se diversifier Sophie Davant sait le faire. Au théâtre par exemple, elle fut comédienne à deux reprises en 2005 et 2006 dans des mises en scène de Francis Perrin, à chaque fois diffusées sur France 2 naturellement. Des livres aussi: elle est auteur ou coauteur de quatre ouvrages. A la télévision également, rien ne semble figé pour la pétillante et inaltérable Sophie. Le service public lui fait confiance et elle le lui rend bien. Sa carrière à France Télévisions n’est pas gravée dans le marbre, elle se dit juste insatisfaite par les propositions qu’elle a parfois reçu des autres chaînes. Même si au sein de la maison mère, il y a de temps en temps des discordes.

En 2007, Sophie Davant propose Au-delà sur France 5, un programme sur le thème de la mort et du deuil, qu’elle ne souhaite surtout pas racoleur. Son premier invité est Roland Giraud, il se livre sur l’assassinat de sa fille Géraldine. Malheureusement, la chaîne ne poursuit pas. C’est une grosse déception pour «la vraie gentille», comme la dépeint son acolyte et chroniqueur Damien Thévenot. Mais le sourire de cette incontournable de la deuxième chaîne reste intact. Combative, voyons comment elle se prête au talk-show désormais, exercice qui lui sied bien.

http://www.tdg.ch/archives/divers/sophie-davantla-bonne-copine-2010-09-22

Article paru dans le quotidien suisse La Tribune de Genève, le 22-09-2010.

Les Miaks sont nés à Genève

L’artiste Mia Petitbois dessine des rêves d’enfance en forme de petits personnages.

HELENE MARTINEZ | 21.09.2010 | 05:00

Il y a huit ans, Mia Petitbois étudiait la philosophie à Kyoto, sa ville natale, avant de tout quitter pour exaucer son souhait de devenir cinéaste à Paris. Malgré des journées entières passées dans les salles obscures de la capitale française, ses rêves de réalisation seront court-circuités par une belle rencontre. Celle d’un Genevois qui, lui aussi, a une âme d’artiste. Dès lors, ils partageront leur vie entre Genève et Paris, et prendront ensemble de nouveaux chemins artistiques.

Mia, autodidacte, oscille entre le numérique et le dessin pour créer des formes complexes à partir de figures élémentaires. Cette technique, Mia ne la doit qu’à elle-même, pas d’influence particulière sinon celle de son compagnon qui lui révèle toute la valeur de ses incessantes esquisses. Ses travaux sont le fruit d’une vie commune.

Le couple mène à l’unisson de nombreux projets. Cet automne, il entamera la promotion d’un ouvrage ardu, sorte de manifeste sur la géométrie se déclinant en trois épais tomes (points, lignes et cubes), accompagnés à chaque fois d’un DVD en 3D.

La manie des Miaks

Mia s’échappe un peu de toutes les contraintes de précision que requiert un tel travail en dessinant, toujours. Elle aime à faire apparaître de petits personnages, les Miaks, au hasard de deux cercles et de quatre points, ici et là sur un post-it ou sur le coin d’une nappe en papier.

Ces Miaks ne sont autres qu’elle-même, à l’instar d’une signature. Jusqu’au jour où l’une de ses amies, jeune maman, reconnaît en l’une de ses frimousses celle de son nouveau-né. C’est le déclic.

Encouragée par son conjoint, Mia réalise le potentiel de ces petites créatures aux traits simplistes. Ainsi naît l’idée de les réunir dans un recueil. «Ce livre est comme un catalogue de ce que j’aime faire», confie Mia. Son intérêt pour les motifs et l’ornement ainsi que son univers ouaté donnent vie à un ouvrage poétique pour enfants. Mais l’art contemporain n’est pas loin. Point de narration. Son langage, ce sont les images. Elle les façonne intuitivement, et c’est la juste expression du bonheur – son leitmotiv – qu’elle cherche à capter en gardant une part d’abstraction. Les Petits Miaks sont, selon elle, l’œuvre d’une artiste plus que celle d’une illustratrice.

Enfant toujours

Un livre jeunesse? Pas seulement. La tendresse aquarellée de ces bouilles innocentes séduit de 7 à 77 ans. Les anges ronds de Mia racontent l’histoire que l’on a envie d’imaginer, ressemblent à qui l’on veut bien les identifier. Certes, les gommettes à coller lui confèrent son attrait ludique et participatif. Les tout-petits créent à leur tour. D’ailleurs, de l’enfant ou de l’adulte, c’est peut-être bien le premier qui a imaginé ces êtres singuliers, confesse Mia. Sa maman est enseignante au Japon. Elle collectionne les livres pour enfants, ceci explique cela. «C’est le meilleur cadeau que je puisse lui faire, comme si je réalisais un peu son rêve à elle», dévoile Mia.

La jeune artiste nippone était une petite fille heureuse qui aimait son cocon «tout doux», se souvient-elle, inventait des jeux, rêvait et ne s’ennuyait jamais. On peut soupçonner la jeune femme à l’œil mutin de ne jamais vouloir rompre avec l’enfance. N’a-t-elle pas raison? Une chose est sûre, les créations vaporeuses et édulcorées de Mia ont le don de réveiller l’innocence de tout un chacun. L’artiste se félicite que sa carrière débute ainsi. Et l’histoire des Petits Miaks ne fait que commencer puisqu’un second opus est déjà en marche.


Les Petits Miaks, de jour comme de nuit de Mia Petitbois, Ed. Naïve.

Disponible dès le 27 septembre dans les librairies indépendantes, chez Payot et à la Fnac.

http://www.tdg.ch/archives/divers/miaks-nes-geneve-2010-09-21

Article paru dans le quotidien suisse, La Tribune de Genève, le 21-09-2010.