lundi 4 octobre 2010

Sting

Un artiste que rien n’arrête

MUSIQUE | Du rock new wave de Police à l’orchestre symphonique: le parcours de Gordon Sumner avant son concert dimanche à l’Arena.

HÉLÈNE MARTINEZ | 25.09.2010 | 05:00

Lordon Sumne, enfant de la banlieue modeste de Newcastle en Angleterre, se fait un jour surnommer «Sting» (en français «dard»). Il ne sait pas encore que ce sobriquet gagné à cause d’un tee-shirt rayé jaune et noir est le présage d’une carrière au sommet. Une guitare prêtée par un oncle qui s’exile au Canada, une sensibilité musicale – don de sa mère, pianiste amateur – et voilà le jeune autodidacte construisant les prémices d’une vie de succès, de records dans les charts du monde entier et autres collaborations artistiques fabuleuses.

1977. Sting joue dans le groupe de fusion jazz Last Exit. Stewart Copeland le repère, se forme alors le groupe The Police et tout s’accélère. Leurs tubes entrent dans la légende. Le bassiste et chanteur du trio est starisé et prendra le large moins de dix ans plus tard. L’album The Dream of the Blue Turtle marque ainsi le début d’un parcours en solo, un quasi-sans-faute. Pour cet opus, l’Englishman s’entoure du saxophoniste Brandford Marsalis et du batteur de Miles Davis, Omar Hakim. Sting prend goût aux participations de musiciens d’exception sur ses albums. Eric Clapton à la guitare et Mino Cinelu aux percussions sur Nothing Like the Sun (1987). En 1999, ce seront Cheb Mami, Don Blackman et James Taylor qui le rejoindront. Cette année, c’est à un orchestre symphonique qu’il fait appel. Une nouvelle lubie, direz-vous. Une de plus. Le chanteur britannique n’a eu de cesse de s’immerger dans de multiples univers musicaux et spirituels, pour chaque fois accoucher d’une nouvelle production. Sans parler des engagements et opinions qui l’animent, sujettes à de nombreux textes. Russians (1985), pour n’en citer qu’une, était une chanson en réaction aux relations américano-soviétiques de la guerre froide. A croire que la Russie a pris la mouche. Le parti d’extrême gauche russe a récemment mis des bâtons dans les roues au chanteur qui se produisait à Saint-Pétersbourg et Moscou dans le cadre de sa tournée. Motif: des commentaires en faveur de la légalisation de la marijuana postés par l’artiste sur son blog. Certes, Sting est un frondeur. Mais toujours pour de nobles causes. Son activisme pour la préservation de la forêt amazonienne aux côtés du chef indien Raoni est notoire. Chaque année en avril, l’humaniste donne un concert caritatif en cette faveur. A noter également, sa participation à la mémorable tournée d’Amnesty International.

Un autre défi

Cet adepte du tantrisme s’est aussi dévoilé dans des œuvres plus intimistes. La perte de ses parents en 1991 lui inspire The Soul Cages, qu’il appréhende comme une thérapie. L’âme sensible et l’esprit ouvert, Sting va jusqu’à explorer le répertoire de la Renaissance élisabéthaine, maniant luth, viole et Moyen anglais dans l’album Songs from the Labyrinth en 2009. C’est aujourd’hui à un tout autre défi qu’il s’attaque avec l’audacieux et néanmoins salué Symphonicities. Un disque et une tournée mondiale pour revisiter les titres emblématiques de l’auteur et de Police, le tout accompagné par le Royal Philharmonic Concert Orchestra dirigé par Steven Mercurio.

Voilà une ambition que ne se refuse pas l’homme de 58 ans. Lui qui avait déjà surpris son public en 2007 avec la reformation de son groupe mythique lors d’une série de concerts à travers le monde, rivalise d’aplomb en 2010. Il offre des versions a priori bouleversantes des illustres Roxanne ou Next to you, avec cette même voix haute perchée. La boucle est bouclée pour ce père de six enfants et époux épanoui de l’actrice Trudie Styler. Son registre pop vient désormais se confronter aux instruments classiques d’une formation prestigieuse pour le plus grand bonheur de ses innombrables fans.

Tantôt acteur pour David Lynch et autres Guy Ritchie, souvent engagé et toujours chanteur, guitariste, bassiste et compositeur, la carrière de Sting n’est plus à faire. Pourtant, la pop star ne manque visiblement pas d’élan.

http://www.tdg.ch/archives/divers/sting-artisteque-rien-arrete-2010-09-25

Article paru dans le quotidien suisse La Tribune de Genève, le 25-09-2010.

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