lundi 4 octobre 2010

Les Miaks sont nés à Genève

L’artiste Mia Petitbois dessine des rêves d’enfance en forme de petits personnages.

HELENE MARTINEZ | 21.09.2010 | 05:00

Il y a huit ans, Mia Petitbois étudiait la philosophie à Kyoto, sa ville natale, avant de tout quitter pour exaucer son souhait de devenir cinéaste à Paris. Malgré des journées entières passées dans les salles obscures de la capitale française, ses rêves de réalisation seront court-circuités par une belle rencontre. Celle d’un Genevois qui, lui aussi, a une âme d’artiste. Dès lors, ils partageront leur vie entre Genève et Paris, et prendront ensemble de nouveaux chemins artistiques.

Mia, autodidacte, oscille entre le numérique et le dessin pour créer des formes complexes à partir de figures élémentaires. Cette technique, Mia ne la doit qu’à elle-même, pas d’influence particulière sinon celle de son compagnon qui lui révèle toute la valeur de ses incessantes esquisses. Ses travaux sont le fruit d’une vie commune.

Le couple mène à l’unisson de nombreux projets. Cet automne, il entamera la promotion d’un ouvrage ardu, sorte de manifeste sur la géométrie se déclinant en trois épais tomes (points, lignes et cubes), accompagnés à chaque fois d’un DVD en 3D.

La manie des Miaks

Mia s’échappe un peu de toutes les contraintes de précision que requiert un tel travail en dessinant, toujours. Elle aime à faire apparaître de petits personnages, les Miaks, au hasard de deux cercles et de quatre points, ici et là sur un post-it ou sur le coin d’une nappe en papier.

Ces Miaks ne sont autres qu’elle-même, à l’instar d’une signature. Jusqu’au jour où l’une de ses amies, jeune maman, reconnaît en l’une de ses frimousses celle de son nouveau-né. C’est le déclic.

Encouragée par son conjoint, Mia réalise le potentiel de ces petites créatures aux traits simplistes. Ainsi naît l’idée de les réunir dans un recueil. «Ce livre est comme un catalogue de ce que j’aime faire», confie Mia. Son intérêt pour les motifs et l’ornement ainsi que son univers ouaté donnent vie à un ouvrage poétique pour enfants. Mais l’art contemporain n’est pas loin. Point de narration. Son langage, ce sont les images. Elle les façonne intuitivement, et c’est la juste expression du bonheur – son leitmotiv – qu’elle cherche à capter en gardant une part d’abstraction. Les Petits Miaks sont, selon elle, l’œuvre d’une artiste plus que celle d’une illustratrice.

Enfant toujours

Un livre jeunesse? Pas seulement. La tendresse aquarellée de ces bouilles innocentes séduit de 7 à 77 ans. Les anges ronds de Mia racontent l’histoire que l’on a envie d’imaginer, ressemblent à qui l’on veut bien les identifier. Certes, les gommettes à coller lui confèrent son attrait ludique et participatif. Les tout-petits créent à leur tour. D’ailleurs, de l’enfant ou de l’adulte, c’est peut-être bien le premier qui a imaginé ces êtres singuliers, confesse Mia. Sa maman est enseignante au Japon. Elle collectionne les livres pour enfants, ceci explique cela. «C’est le meilleur cadeau que je puisse lui faire, comme si je réalisais un peu son rêve à elle», dévoile Mia.

La jeune artiste nippone était une petite fille heureuse qui aimait son cocon «tout doux», se souvient-elle, inventait des jeux, rêvait et ne s’ennuyait jamais. On peut soupçonner la jeune femme à l’œil mutin de ne jamais vouloir rompre avec l’enfance. N’a-t-elle pas raison? Une chose est sûre, les créations vaporeuses et édulcorées de Mia ont le don de réveiller l’innocence de tout un chacun. L’artiste se félicite que sa carrière débute ainsi. Et l’histoire des Petits Miaks ne fait que commencer puisqu’un second opus est déjà en marche.


Les Petits Miaks, de jour comme de nuit de Mia Petitbois, Ed. Naïve.

Disponible dès le 27 septembre dans les librairies indépendantes, chez Payot et à la Fnac.

http://www.tdg.ch/archives/divers/miaks-nes-geneve-2010-09-21

Article paru dans le quotidien suisse, La Tribune de Genève, le 21-09-2010.

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